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CSM13
3 août 2016

CycloSportive : "La Jordanaise" (le /07/16)

3 participants : Guillaume C., Diane L., Patrice L.
Distance : 104 km - dénivelé : 1 800 m.
Météo :


Dans sa toute dernière partie à découvert, quand la pente se fait plus clémente, le Pas de Peyrol offre un spectacle grandiose sur le cirque du Falgoux, mais ce dimanche 10 juillet, je n'en tire aucun plaisir: depuis quelque temps déjà, j'ai compris que la journée allait être compliquée. Pourtant, un peu moins de deux heures plus tôt, les choses avaient débuté de façon ordinaire. Diane et moi étions arrivés ric-rac pour le départ. A peine le temps de chercher Guillaume du regard en remontant le peloton piaffant, pas de maillot du club, et pas de Carladez non plus, à première vue. En une heure pile, j'avais couvert les 24 premiers kilomètres en faux-plat dans un petit groupe, en m'efforçant de m'économiser. Au pied du col, la températue affichait déjà 28°. A mi-pente, je savais déjà qu'au sommet je tournerai à gauche, côté Jordanaise, tant mon ascension s'avère laborieuse, voire pénible. Certes, j'ai repris du monde, mais la cadence n'est pas là, les sensations non plus. "Trop chaud!", je souffle au bénévole qui veut m'orienter à droite, avant de plonger à pic vers Néronne. Au carrefour où se rejoignent les deux parcours, le col de Néronne se redresse encore deux bornes, assez pour réaliser que je suis presque privé de force. Constater qu'il y a pire que moi ne me console en rien. Au ravito, je prends mon temps, essaye de joindre Diane, laisse un message pour elle au bénévole, discute un peu: l'épreuve est en danger, faute d'une participation trop faible. Je quitte le sommet de Néronne où hier, à l'issue d'un test médiocre, tandis que je bavardais avec un hollandais en attendant Diane, une bestiole m'a piqué au triceps droit. Avec l'effort, s'est formé un long hématome douloureux. Toujours côté droit, puisque je m'asperge le crâne régulièrement, la crème solaire dont m'a gratifié Diane a coulé dans l'oeil, qui me brûle fort. En deux mots: tout baigne. En bas de la descente un jeune concurrent est assis, à l'ombre, comme sonné. Je reviens sur un vétéran de l'épreuve. Dans le courte vallée d l'Aspre où, petite torture, je passe devant notre gîte, nous discutons un peu. "Le col de Saint-Georges se monte à l'ombre.", avance mon compagnon. Ne voulant, ni le décourager, ni l'abuser, je réponds: "Pas vraiment." Dès les premières rampes sous le cagnard, il s'octroie une pause pipi. Mon ascension est un naufrage, mais un naufrage organisé. Je divise ce terrain que je connais bien en secteurs plus ou moins durs, et une fois domptée une portion vache, je me dis que je n'ai pas le droit de flancher dans une partie "facile". Ca m'amène dans la dernière épingle à cheveux chauffée à blanc où je reviens sur un type hurlant sa douleur. Court kilomètre de répit jusqu'au pied de Legal que j'aborde avec un très petit moral. Curieusement, les forts pourcentages me réussissent mieux (moins mal), arc-bouté sur mon 39x28, je reprends trois coureurs, alors que lorsque la pente s'adoucit, je suis incapable de tourner les jambes plus vite, ou de passer le 24. Tiens! encore le même moustachu arrêté sur le bord de la route. A l'évidence, le bougre me sème dans les descentes. Voici les deux derniers kilos à 6%, sous les arbres, partie facile, mais je n'en peux plus. Deux épaves me rejoignent, eux moulinant de travers, moi pendu sur mon braquet gourmand. Ils s'encouragent : "Là-bas, après le virage, on voit le sommet." Je sais tout ca. Et si je m'arrêtais un peu. A 600m du sommet, quelle importance ? Décidément, c'est impossible de continuer ainsi. Alors, je me mets en danseuse sans réfléchir (sans passer le 24 non plus), et je bascule à Legal, rôti absolument. Tel un automate, je me laisse glisser jusqu'au ravito de Houades. J'aspire les deux mandarines tranchées, en demande d'autres au gros type en faction. Il me parle de Charlie, le proprio du Baillage, le grand Hôtel de Salers, qui a fait la Ronde des Crètes (50 bornes) à quatre-vingt sept ans. Je connais bien cet incroyable petit bonhomme tout sec. D'ailleurs, le jeudi suivant, nous regarderons l'étape du Ventoux ensemble. Inchangé, Charlie s'apprétait à courir la Mauriacoise (le petite Lili Bergeaud), 99 km. Je tente de faire passer mes crampes: certains étirements fonctionnent, d'autres déclanchent une avalanche de contractions. Se radine le moustachu; lui aussi crampe. Des coureurs sont passés. Le moustachu vient de repartir. "Ca va? ", me demande un motard de l'organisation, "Ca va, je suis fatigué.", "Ca se voit.". Sur ces propos encourageants, après avoir écouté un message rassurant de Diane, je finis par me relancer. Il reste 22 bornes. Au lieu de descendre direct sur Aurillac, le parcours emprunte la route des crètes, avec quatre bosses. Je les passe prudemment, mais sans problème. Survient la descente périlleuse repérée ce matin en bagnole, je pense à Diane et du coup fait presque un tout droit dans la saloperie de virage. Il est temps de finir, ce que je fais en un peu plus de cinq heures. Je traîne un peu sur la ligne d'arrivée dans la fournaise, fait valider mon changement de parcours, réussi à joindre Diane qui file sur Houades, je la mets en garde contre l'ultime descente (malgré tout, elle loupera à moitié le fameux virage), et clopine jusqu'à la la douche... Le plat chaud est infect, mais l'entrée et le dessert sont comestibles. Je retrouve un compagnon de galère attablé avec sa famille, tous très sympathiques. Pas de bière mais un rosé bizarre, auquel je fais un sort. Mes convives prennent congé, Diane est à huit kilomètres. Se présente un long toulousain, grand habitué de l'Ardèchoise. En fait, Diane l'a abandonné, prostré, perclu de crampes au sommet de Legal. La voici, fraiche, vigilante, s'alarmant de ma passion pour le vitriol rose. Elle aussi, recule devant la l'étonnante saucisse-aligot. Quelqu'un nous salue: c'est Guillaume C, avec son oncle, auquel il ressemble fort. Notre camarade était devant, bien devant. La chaleur ne l'a pas trop affecté. Roulez jeunesse ! Le Narrateur : Patrice L.

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