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CSM13
22 juin 2017

L'Ardéchoise 2017 (du 14 au 17/06/17)

L’ardéchoise en plein cœur.

Voilà un compte-rendu bien difficile à faire tant l’Ardèche présente de multiples facettes…Le Vivarais, la montagne ardéchoise, les Cévennes, l’Ardèche méridionale, Les gorges, la vallée du Rhône, le Tanargue entres autres. Comment traduire en mots cette ambiance si particulière ? Un département hors norme pour une organisation hors norme. Un phénomène de société. Nous étions deux « bizuts » sur cette édition-Emmanuel S et moi… Pas de déception tant l’ambiance est incroyable, les choix de circuits nombreux. Hors norme, aussi, par les contrastes de paysages, de météo. Un paradis assassin pour les cyclistes, une douceur violente pour le passant pressé. On ne peut pas violer l’Ardèche. C’est un truc à prendre des marrons !
Imaginez des milliers de bénévoles sur le pied de guerre, les enfants des écoles main tendue pour qu’on leur donne la tape amicale au passage. Des villages chamarrés avec des gens costumés, des buffets partout dans les villages, des piloris dressés, des herses pour entrer au village, des passages inimaginables au cœur des villages, des orchestres et des chanteurs chantant plus ou moins juste ; mais qu’importe, le cœur est là…énorme ! Le jaune et le violet sont omniprésents. Jaune pour les genêts et violet pour les myrtilles, couleurs de l’ardéchoise.
La succession de ravitaillements, trop nombreux quelques fois, nous donnait un sentiment de culpabilité quand nous les snobions. Au loin, ces bénévoles nous appelaient d’un signe de la main et nous passions la mort dans l’âme. Je n’en ai passé que deux ou trois sur la multitude. Le plus souvent nous nous sommes arrêté pour un gobelet d’eau, une poignée de cacahuètes, deux tranches de saucisson ou juste pour parler…donner un sourire aux enfants, parler des sucs ou de l’histoire du château local. Heureusement qu’ils étaient là le deuxième jour avec leurs bouteilles d’eau… Et puis cette ambiance de folie au village de départ. Des vélos partout, des cyclistes flânant parmi les stands. Nous pouvions trouver de tout, de la boisson énergisante à l’atelier de réglage. Des parkings éparpillés autour de Saint Félicien. Population cosmopolite, on parle français, flamand, anglais, allemand, néerlandais,italien, même créole ! Des réunionnais on fait le voyage. Nous croisons des gars rencontrés à Cambrils et sur le tour de Corse…
Des chiffres, toujours des chiffres…plus de 15 000 participants dont 8000 pour la cyclo sportive dans un village de 1200 habitants. Impressionnant ! Le plus gros peloton d’Europe parait-il.
Un grand merci à Christian, notre hôte. Modestement il nous héberge dans sa bergerie, bâtiment typique de l’Ardèche au somment d’une colline. Nous sommes immergés dans les temps anciens. Un dédale de pièces, un enchevêtrement de bâtiments reliés par des courettes, de la pierre dans son jus. Du « jardin » nous apercevons le Vercors…Convivialité, bonne franquette et bonne humeur nous ont accompagnés durant les quelques instants partagés avec lui. Comme si il nous connaissait de longue date, et chacun en particulier. Sentiment étrange de faire partie de la famille, la famille des gens chargés d’humanité…Bon dieu que ça fait du bien !
Nous allons chercher notre paquetage au village. Nous décryptons nos dossards. Nous sommes du groupe des 43000 et des poussières. Le 4 pour dire : c’est nous qui attaquons le plus gros morceau de l’Ardèchoise en 4 jours.

 

Purée de marrons en Ardèche

Mercredi 14 juin 157 km + 2850 m :
Six kilomètres nous séparent du départ de Saint Félicien. La plupart d’entre nous portent leurs sacs à dos au point de bagages accompagnants. Puis c’est le départ réel sous le soleil. Nous savons, de violents orages menacent…ils ont fait une victime en Haute-Loire la veille. Très vite nous bénéficions d’un raidard surprenant. Le ton est donné. Nous traversons un village où l’on coupe les têtes…pour rire, heureusement. Emmanuel S à cours de kilomètres, nous suit allègrement. Les ravitaillements rapprochés favorisent les regroupements. Nous ne sommes pas à court de munitions…Couverts de cerises, les tréteaux nous rappellent la proximité de la Drôme et de la vallée du Rhône. Avec les cerises, pas de pépins. Encore lucide, je me permets mentalement une contrepèterie en voyant un camion stationné dans une descente. L’entreprise de déménagement s’appelle Rouille Coulon. Je vous laisse réfléchir.
En haut d’un col nous prenons un bon plat de pâte. Cols qu’Emmanuel photographie pour enrichir sa col-lection en les homologuant. Il aura du boulot sur cette ardéchoise. Il devrait en ramener sûrement plus de 30. Nous traversons une forêt quand soudain un bruit sourd nous parvient…quelques grosses gouttes tombent du ciel. Rapidement, à couvert sous les arbres, la lumière s’éteint. Le chemin ressemble à un tunnel menant au pays des sorcières.Des flashs zèbrent le ciel. Le craquement des cieux se fait plus insistant. Au-dessus de nos têtes, nous sentons une menace diffuse. Le ciel crève…des torrents d’eau ruissellent sur la route. Alain A, Jean-François N et moi, nous arrêtons sous de gros châtaigniers. Gil G continue sa route. Las, je repars seul. La pluie se fait moins insistante, mais les éclairs persistent. Je vois même la foudre tomber sur la colline à ma gauche. Gil me voit passer mais je ne le vois pas, il s’est abrité un peu à l’écart. Le soleil revient, allume les collines. Rapidement des volutes fantasmagoriques s’échappent des vallées, la route fume, les sorcières font une potion dont elles ont le secret. Etrange ambiance. Nous ne sommes pas loin du gîte, la route descend. A un embranchement un peloton de cyclistes occupe la route. Je fais attention de ne pas les percuter mais je ne regarde pas les panneaux indicateurs…je continue sur la route mouillée, très heureux de descendre sans efforts.Au bout de 5 kilomètres, je vois le panneau indiquant Privat 6 km. Mais pas de panneau Pourchères, lieu du gîte. Aïe ! Après avoir honoré Cambronne mentalement,je prends un brusque coup au moral. Je rebrousse chemin et remonte « la descente sans effort ». Sauf que dans ce sens-là, elle monte. Je croise les gars qui descendent, et certains coupent la route en roulant à gauche…j’en évite deux au prix d’une belle frayeur. Le ciel m’envoie ses dernières gouttes. J’entends la sirène des pompiers. Simultanément nous arrivons sur un gars qui a le visage ensanglanté. Première chute que je vois sur cette ardéchoise. Pour moi l’addition est un peu plus salée. Je fais 165 km pour 3000 de dénivelé…sans compter les moqueries mortifères d’un joyeux camarade dont je tairais le nom !
Arrivé au gîte une brésilienne volubile nous accueille. Une samba virevoltante, du 10000 volts au pays des châtaignes ! Des étincelles de bonne humeur. Le gîte est confortable et la table confort. Une splendide vue s’offre à nous de la salle commune. Didier R décide de faire une lessive, mais la machine refuse de lui délivrer le linge propre. Bientôt,Patrice B, Just de V et Didier R se groupent autour de cette fichue machine pour un bras de fer. Finalement, elle ouvrira son hublot…
Le soir, une alerte rouge. Affolé je vais voir Didier, j’ai une tique fichée dans le mollet. Elle me taraude pour entrer dans la chair. Nous l’assommons à coup d’alcool, et j’arrive à la tirer entière sans sectionner la tête. Ouf !

Jeudi 15 juin 140 km +1890 :

070615___Ard_choise2017_Didier_AChinoiserie sur l’ardéchoise ! Nous sommes dans le cratère d’un ancien volcan gigantesque, dominé par un massif de lave appelé « l’ours ». Ça n’est pas la fête ça ? Journée de canicule…

Chouette ! Sur le papier la journée s’annonce tranquille…sauf que… aujourd’hui la journée sera caniculaire. Nous aurons plus de 40°C. Nous partons doucement sans imaginer le calvaire qui nous attend. Gil remonte au gîte sur deux kilomètres, il a oublié un appareil…Nous traversons Privat, direction les gorges de l’Ardèche. Nous franchissons le col du Benas en hors-d’œuvre, Gil nous rejoint. Rapidement le soleil nous plombe. Nous doublons en les encourageant, l’ardéchoise des jeunes sur leur parcours de 36 km. J’entends « mais comment font t’ils pour rouler aussi vite ?». Amusant !
Nous roulons avec un groupe de réunionnais sympathique. Didier R asticote un peu, prend le large, mais nos amis créoles veillent au grain et embrayent. Dans un petit village nous nous reposons, en compagnie de nos amis de fortune, attendant le reste du groupe. Nous prenons des photos souvenirs qu’ils rapporteront sur leur ile. La vigne fait son apparition, les amandiers aussi. Les champs de lavandes tracent des sillons bientôt bleus. Nous traversons Alba-la-Romaine sans voir l’amphithéâtre. Après le lieu-dit Pisse-Renard hier, nous faisons la connaissance du village de Bidon.
En haut d’une bosse nous arrivons dans un village dont j’ai oublié le nom… la soif, la faim nous pousse à nous attabler au restaurant. Etape bienfaitrice ! Plus tard, Emmanuel s’assoit, il nous inquiète. Rouge écarlate, transpirant, il essuie un coup de buis. Toujours avec nous, il marche au courage. Just nous chante du Reggiani et Alain K du Chuck Berry.Nous repartons pour joindre Saint-Martin-du-Gard, non sans faire une halte au belvédère surplombant les gorges. Dans la ville, c’est un spectacle de désolation. Des cyclistes baignent leurs pieds dans la fontaine. Les rues sont vides, mais les terrasses des cafés sont prises d’assaut. Les vélos, reposants entassés, témoignent de la soif et de la fatigue de leurspropriétaires. L’air chaud monte du sol. Nous traversons l’Ardèche, enviant les quelques baigneurs, avant de sillonner la ville par de petites rues, souvent à pied. Nous nous demandons même si nous sommes toujours sur le parcours. Les points de vue sont superbes. Nous buvons des quantités phénoménales d’eau plate ou gazeuse...Tout le monde est au taquet, prend son coup de bambou ou de buis, au choix. Nous louons les ravitaillements rapprochés. Nous sommes 6 devant, quatre derrière quand le gîte de Chandolas se profile. Rien qu’une petite côte de 2 km avant de l’atteindre. Une formalité ! Mais cette formalité s’avère redoutable, nous surprend par sa pente entre 11 et 13%. Sur place une piscine nous tend les bras. Je trouve cette journée, la plus éprouvante des 4 jours…

Vendredi 16 juin 128 km +2640m :
Juste un mot pour résumer cette étape : sublime ! Courte et pentue sur le papier, elle s’avérera un vrai régal.
Nous partons avec une chaleur supportable. Je fais un tout droit pour rejoindre Saint-Paul-le-jeune. Je connais un peu la route et j’ai rendez-vous avec ma sœur pour prendre le café. Une fois le café bu, tout le monde arrive pour prendre les photos avec un pharaon. Alain A s’offre la pose sur un char romain. Nous montons sur le village de Banne. Puis c’est la belle descente sur Les Vans. A partir de là les gorges de Chassezac se déroulent sous nos roues. Murets de pierre, rivière, barrages, Châtaigneraies, lacs nous accompagnent. Au passage d’un gué, un couple se baigne de bon matin, nous laissant un souvenir rafraichissant. Surtout que la baigneuse ne portepas de haut ! Nous cheminons à l’ombre dans une verdure luxuriante sur une route rugueuse. Dans ce désert silencieux, nous sommes surpris par le ravitaillement de Sainte-Marguerite-Lafigère. Le village est en ébullition, l’accueil convivial. Les gens sont sincèrement heureux de nous voir. Séance photos, discussions… Allez ! On y va, la route de montagne ne se fait pas attendre. Après la pluie, la canicule, nous devons faire face à un vent du nord soufflant en rafales supérieures à 45 km/h. Il fait frais. Nous grimpons…1000, 1100, 1200, 1300, 1435 m au col du Pendu. Après le col de la femme morte vient le pendu…brrrr, lugubre. Nous ne descendrons plus en dessous de 1000 m. Je roule en compagnie de Jean-François N. Grâce à son GPS nous trouvons la route du gîte de Cros-De-Georand. Ce dernier se situe 9 km hors du parcours…un peu de rab quoi ! La route qui y mène est très pentue. Fait rare, ce rouleur de Jean-François N, cette chèvre de montagne dépose les armes sur la fin. Cette côte fera parler beaucoup d’entre nous. La cerise ardéchoise sur le gâteau pour moi ! Je me suis régalé sur ce parcours. Tout le monde ressent la fatigue et les fesses donnent des signes de faiblesse. A force de tressauter sur ces routes rapiécées, ça n’est pas très étonnant.
Le gîte, proche d’éoliennes, est encore une fois très convivial. Nous dormons à 1200 m d’altitude ce soir, la vue est dégagé et le coin balayé par ce vent du nord persistant.A table j’ai l’occasion de parler avec un patron de boulanger -pâtissier de la pente qui va croissant…C’est choux !

Samedi 17 juin 147 km +2080m :

070615___Ard_choise2017_Etienne_ZQui est là au fond ? Oui ! C’est Alain… Toujours là ! Nous avons quelques heures de selle côte à côte en montagne. Indécrochable l’Aigle de Saint-Maur !

Ce matin il faut ressortir, les maillots de corps, les maillots manches longues ou les coupe-vent. Le vent à forcit, il est froid. Certains d’entre nous parlent de couper, d’autres de partir devant, il se peut aussi que ça soit les mêmes d’ailleurs. En effet, Didier R n’a pas le même gite que nous. Il est du côté du lac d’Issarlès. Donc, nous l’attendrons à Sainte-Eulalie. L’attente fut longue, même très longue. Didier a du dénivelé avant d’arriver. L’occasion pour nous, de visiter l’église…Quand Didier apparait enfin, c’est pour demander de la soupe d’oreilles de cochon ! Cette année point de soupe de ce genre à Saint-Eulalie. Nous grimpons le col du Gerbier -de-Jonc (1417m), nous longeons un ruisseau, la Loire. Notre vendéen du tour de Corse se trouve là. Puis le col de la Croix-de-Boutières (1506 m), près du Mont Mézenc. Nous restons entre 1200 et 1500m. C’est le pays des sucs, ces sommets volcaniques posés sur un haut plateau basaltique. La vue est splendide, le paysage montagnard caractéristique du Vivarais. De la gentiane à profusion, des champs de fleurs multicolores, paradis des abeilles et des botanistes, des genêts à l’envie, taches jaunes, des vaches à l’estive, puis…des remonte-pentes. Une biche coupe la route devant Alain A et moi ; instant magique. C’est assez roulant malgré le vent, la route est plutôt bonne. Nouveauté, après notre rapide passage dans le Gard, nous faisons une incursion en Haute-Loire. François N, mauvaise tête, coupe pour éviter le passage par Les Estables ; point de contrôle indispensable pour avoir le diplôme d’ailleurs. Il ne franchit pas le plus haut col du parcours (1605m). Je reviens le premier sur les fuyards du matin. Puis, nous roulons à 7 jusqu’à Chambon-sur-Lignon. La ville est en fête, aux couleurs de l’ardéchoise. Un orchestre anime la place. Nous jetons notre dévolu sur un restaurant et prenons du bon temps. Gil G, Jean-François N et Emmanuel S ne sont pas du lot. A la sortie du Cambon, nous faisons une entorse au parcours, mais chuttt…Nous ne gagnons pas grand-chose en vérité,et pas de dénivelé pour tout dire. Nous retrouvons le parcours commun à Rochepaule. Là, surprise pour le bizut que je suis.
Retour à la civilisation et sa folie…Une débandade orchestrée par de nombreux musiciens disséminés sur le parcours. Ça passe de tous les côtés, je ne suis pas rassuré…les cyclosportifs foncent comme il se doit. Il faut être vigilant dans les descentes. Michel P est là, sur la cyclosportive. En montée, on note une différence de rythme. Des paquets s’agglutinent quelques fois. On doit faire des sauts de puce pour les doubler. Rigolo finalement quand on s’habitue. Reste que, sur la fin, quelques chutes viennent émailler la fête. C’est la ronde des hélicoptères pour aller chercher les blessés. Parmi les victimes, circule le nom de Cécile Remeyer, fille du président du directoire de l’AS Saint-Etienne…Son père, déjà, avait chuté en 2014 dans l’ardéchoise (fracture de la clavicule).
Nous arrivons, les deux Didier, ensemble. Nous mettons les vélos au parc à vélo, afin d’aller chercher les sacs, prendre une bière-ou plutôt l’inverse-rendre la puce et prendre nos diplômes. Didier ne cesse de répéter que ça n’était pas une bonne idée…il a les chaussures à cales. Nous croisons Alain A, Patrice B. Nous nous attablons avec Alain K et Just pour une bière ardéchoise.
Nous remontons chez Christian avec nos sacs sur le dos. En arrivant chez Christian, je suis surpris par un amas de gravillons. Mon vélo dérape un peu. Pour Gil G ça sera la chute au même endroit à 20 m de l’entrée de la ferme. Faire près de 600km et tomber à 20 m de la fin, c’est assez singulier. Gil rentre donc à Paris avec un souvenir supplémentaire et une belle plaie.
Un grand moment que cette ardéchoise ! Nous étions 11 en comptant Michel P. On tente un nouveau record l’année prochaine ? Le Narrateur : Didier A.

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