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CSM13
23 mai 2016

Pentecôte 2016 «Autour du Géant de Provence» (15 et 16 Mai 2016)

 


Pentes, côtes en Mont Ventoux

160515

Situé à 1912 m, on l’appelle le géant de Provence. A vrai dire les cheveux se font rares sur son crâne d’où son autre nom, le mont Chauve. Une casse calcaire exposée au vent lui donne l’air enneigé depuis la plaine. Son nom viendrait de Vintur, une divinité des sommets. Le Mont Ventoux est devenu une légende au pays des cyclos surtout depuis le sort tragique de Tom Simpson le 13 juillet 1967. Nous passerons devant sa stèle à deux kilomètres du sommet.
Première ascension par…Pétrarque en 1335. Ce ne fut pas une mince affaire, même à pied ! (voir son récit).
Visible de très loin, nous ne le verrons pas le samedi, il se cache.
Les premiers arrivants, vendredi soir s’installent à l’hôtel et décident, pour certains, de faire une première ascension le samedi matin.
Le temps ne s’y prête pas spécialement. Le mistral fait des siennes, souffle en rafale apportant de l’air froid. Mais qu’importe… Jean-François N, Etienne et ce gourmand de Didier R le feront. Alain A et Lidy partent en voiture vérifier une dernière fois le parcours afin que la voiture suiveuse ne s’égare pas en route le lendemain. Alain K et les deux néophytes Didier A et Gil G déclinent l’offre.
Samedi matin, Didier A et Alain K vont faire du « tourisme », en gravissant quelques cols autour du Mont Ventoux toujours caché. Passage par Sault, Bédoin avec une halte restaurant à Caromb sous le soleil, mais gelé par le vent. Devant notre assiette nous discutons avec deux jeunes du coin ondulant sous le souffle du mistral et du pastis. Puis une voiture nous klaxonne…Frédéric, Jean-Christophe et Miki débarquent en terre provençale après avoir boudé les sandwiches TGV. Nous leur cédons la place au bar restaurant où ils se contenteront des restes car l’après-midi s’avance.
Après avoir récupéré les lunettes de soleil oubliées d’Alain au premier restaurant visité sans succès, nous repartons.
Beaumes-de-Venise, Vacqueyras, Gigondas, les dentelles de Montmirail, Séguret puis Vaison-la-Romaine nous accueillent…Nous craquons pour une glace à deux boules avant de poursuivre et rentrer au bercail avec 120 kilomètres et 1300 m de dénivelé, quand même.
A l’hôtel nous retrouvons les nouveaux venus autour d’un verre de Baumes-de-Venise en se demandant s’il sera possible de monter le Ventoux le lendemain. Le Mistral souffle toujours et le sommet du Ventoux était dans le brouillard ce samedi. C’est à se demander comment font les arbres pour garder leurs feuilles. Demain sera un autre jour…
Le diner commence… le coup de théâtre ! Just vient de se faire lâcher par sa robuste Volvo…il faut aller le chercher à Valréas. Alain K et Sylvain sautent dans la voiture pour le ramener, on garde les assiettes au chaud.
Dimanche matin, tout le monde est prêt pratiquement à l’heure !
A la sortie de Buis-les-Baronnies Patrice et Diane s’aperçoivent qu’ils ont oubliés leurs bidons. Retour à l’hôtel pour eux, nous les retrouverons plus tard. Nous passons à Pierrelongue dominée par sa chapelle caractéristique et nous faisons une première halte à Malaucène où nous attend Guillaume. Direction Bédoin où nous aurons le deuxième ramassage. En effet, pour ceux manquant de kilomètres, un circuit plus court est organisé. Jacques M enfourche bravement son vélo, il fait quelques tours de roue avec nous. Mais il ne faut pas tenter le diable…plus tard, il nous suivra en voiture pour nous encourager.
Malaucène et Bédoin doivent être les deux villages où la concentration des vélocistes est la plus forte en France ! Il y a des vélos partout…Deux points de départ et d’arrivée pour affronter le Ventoux. Heureusement pour Sylvain dont le pédalier craque à chaque tour de manivelle. A Bédoin il s’arrête à la clinique pour cycle…Démontage, nettoyage, remontage, le tour est joué ! Mais non ! Condamné à n’utiliser que la plaque, il lui faut retourner pour un réglage du dérailleur avant.
Nous sommes dans le Comtat Venaissin, un jardin…lavande, cerisiers, fraisiers, pêchers, noyers, vignes dessinent un paysage au cordeau. Du roc calcaire, au sol, alterne avec une terre ocre peignant une toile multicolore barrée çà et là par quelques cyprès. Inondée de soleil la plaine boit la chaleur, les couleurs s’exacerbent, la roche bouillonne. Les monts, au loin, se détachent sur le bleu azur d’un ciel pur. Le soleil mord un peu la peau aussitôt rafraichie par le mistral qui rend fou. Ce mistral envahi le paysage, le façonne, le fait vibrer. Sans lui le paysage dilaté éclaterait. Ce personnage souffle le froid, siffle à nos oreilles, hurle dans la forêt et nous dit « remet ta veste, retire la, non remet la «. Il nous escagasse ! Mais bientôt je t’aurai Mistral car voici le coupe-Gorges de la Nesque. Une gorge déployée qui avale les cyclistes, un abri qui monte, qui monte…pendant plus de 20 kilomètres. Au bout, le rassemblement pour la photo de nous-autres, les magnifiques, sur le belvédère.
Nous arrivons enfin à Sault. Je dis enfin, car nous avons faim … m’enfin. En faim et enfin nous sommes au pied du géant. Repas frugal dans un mas lavandin où le bleu lavande prédomine. L’hôtesse nous reçoit canotier sur la tête, on voit qu’elle sent la lavande. Les abeilles viennent déposer leur miel directement dans les pots, un hamac immobile à l’ombre des arbres nous fait de l’œil. Les femmes font des emplettes…on en oublie la baston avec les deux géants, le Mistral et le Ventoux.
Mais il faut y aller. Nous partons en ordre dispersé. Les premiers kilomètres dans la forêt s’avèrent très agréables. La pente douce nous emmène sur vingt kilomètres assez roulant, le Mistral butte sur les arbres, gémissant de dépit de ne pouvoir nous contrarier. Des motos vrombissent, nous passant comme des chapelets dans une main dévote. Puis, tout à coup, tout change. Il reste six kilomètres… C’est le Chalet-Reynard. Six kilomètres de combat…
Le paysage n’en est plus un. Quelque benne monstrueuse a déposé des cailloux blancs. Un jardin japonais géant stérile. La seule horizontalité ? Des piquets plantés pour indiquer la route quand c’est enneigé…et la tour hertzienne, ce fuyant point de mire ; Le rendez-vous des deux géants de Provence. Ensemble, pente et vent unis pour chasser les intrus. La température chute, la pente s’accentue. Des lacets où il faut lutter contre les rafales de vent glacial. Puis, sur la route étroite, des vélos, des motos et des photographes immortalisant les moments d’équilibre où l’on doit faire semblant…même pas mal ! Je suis trop fort ! Regarde coco je monte avec le sourire ! Je peux même lâcher une main sans me foutre la gueule par terre ! Ils glissent leur carte dans la poche du maillot du gars qui lutte…
La surprise du chef quoi ! Je me demande quelques fois si j’aurais le temps de déchausser au cas où…. Je ne suis pas tranquille. La pente, ça passe. Mais les rafales de vent… le froid commence à coller au corps. Là-haut se regroupent Etienne, Jean-François N, Gil G et Didier A.
Sylvain et Alain A sont déjà repartis. Sylvain est arrivé huit minutes avant tout le monde. Puis en cinq minutes arrivent Alain A, Etienne, Didier A et Jean-François N. Gil G vient quatre minutes plus tard. Ceci n’est pas un classement puisque nous ne savons pas l’heure où nous sommes respectivement partis. En tout cas la montée aura pris moins de deux heures.
Didier R., Just, puis la remarquable Christelle arrivent à la tour. Alain K et François B en finissent aussi. Ils redescendent tout deux par Malaucène.
Après avoir cuisiné le Ventoux, tir groupé de nos cuistots Mickael, Jean-Christophe, Fred M et Guillaume. Ils descendent à fond les gamelles sur Bédoin récupérer leur voiture. Il y a 53 minutes entre le premier et le dernier…mais tous l’ont fait. Tous, sauf Tao, Christophe M et Fred V. Qu’importe, la frustration leur fera monter le lendemain… Tao, déconcentrée, chute avant d’avoir pu déchausser et en sera quitte pour une belle éraflure au genou. Alain Ki à court de forme ne le montera pas non plus mais réussira à effectuer une bonne partie du parcours et à se hisser jusqu’au Chalet Reynard, avec sa charlotte jaune surmontant son casque !
Au moment de descendre, on se dit « chouette, on va envoyer du lourd ». Non pas les gars ! Car là- haut, il faut rester prudent le Mistral nous déporte. Il faut être lucide et concentré. De retour au Chalet Reynard, nous retrouvons un imbroglio de motos, vélos, voitures. Vigilance ! On doit démêler les lacets pour retrouver sa route, et surtout se faire une place pour traverser cette station d’autoroute.
Puis c’est la longue descente avec vent souvent défavorable, on doit pédaler pour passer le 50, on se réchauffe. Dans un virage, nos groupies sont là pour nous encourager…
Gil G suit le flot des voitures et descend par Bédoin !. Il s’aperçoit de son erreur en bas. La caravane est passée, plus de chameaux ! Il ne se voit pas remonter le Ventoux pour rallier Sault. Il est contraint de renter en taxi !
On se regroupe à Sault ;Un peu plus de 30 kilomètres pour achever notre sortie. Reilhanette, le col des Aires, le col de Fontaube, la vallée du Toulourenc, nous fondons sur Eygaliers heureux de pouvoir remettre un gros développement. Bière avant la douche salutaire ; 170 kilomètres, 2850 m de dénivelé pour cette journée mémorable…
Au cours du diner nous recevons notre trophée. Une pierre du Ventoux façon pavé de Paris-Roubaix en réduction.

De bonne heure lundi matin, effervescence autour des véhicules…il faut plier bagage. Mais avant nous allons tourner les jambes plus au nord dans les Baronnies.
Nous avons amené notre quart d’heure parisien, nous partons avec un petit retard sans conséquence…
Nous longeons l’Ouvèze par les Gorges d’Ubrieux. Calme aujourd’hui, personne n’a oublié les dégâts causés par sa crue le 22 septembre 1992, faisant de nombreuses victimes à Vaison-la-Romaine.
Nous profitons du magnifique paysage ignorant nos jambes lourdes. Le soleil baigne monts et vallées, les courts cerisiers exhibent leurs fruits, d’un rubicond naissant, joufflus à souhait. Le Mistral nous souhaite bon voyage discrètement, la route est déserte. Le sommet du Ventoux nous domine, l’air de rien. Paisible, sa pente parait si douce ! La station du sommet se détache sur le fond du ciel, tache blanche et rouge sur un tapis blanc.
Nous rejoignons les rives du Toulourenc par Aulan. Puis de Reilhanette, nous suivons son cours mais, au lieu de passer par le col des Aires, comme la veille, nous passons par Savoillan. Nous devons traverser le magnifique village de Brantes par une pente raide pour rejoindre le col de Fontaube. Dans la forêt domaniale de Brantes, ont été découvert des milliers de reste d’ours bruns, le plus riche matériel en nombre d’individu en Europe occidentale…l’ours brun était partout dans la région du Ventoux.
Sitôt la pente digérée, nous glissons sur Eygaliers. Quelques-uns d’entre nous envoient du braquet, comme la veille, juste histoire de dire qu’ils sont encore frais. Nous sommes de retour avant midi.
Christophe, Tao et Frédérique sont sur les pentes du Ventoux. Bienheureux, ils ont surement eu moins de vent que nous… Puis ce sont les «au revoir», chacun à son destin. Les uns feront le voyage en train, les autres en voiture. Certains partent immédiatement, d’autres l’après-midi. Les plus chanceux resteront une journée de plus. Mais tous garderons un souvenir marquant de ce séjour…je dirais même que nous serons encore auprès du géant pour quelques jours, la tête ailleurs…
Un grand bravo aux organisateurs !  Le Narrateur : Didier A.

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