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6 décembre 2005

Charly Gaul

Le récital de la Chartreuse - Dans le Tour 1958, le Luxembourgeois entre dans la légende au cours de l’étape Briançon - Aix-les-Bains. Ce mercredi 16 Juillet 1958, matin de l’étape Briançon - Aix-les- Bains, Raphaël Geminiani doit enfin gagner le Tour de France. Il est en jaune, mais il lui faut encore maîtriser le Belge Adriaennsens. Et il se méfie toujours d’Anquetil. Charly Gaul n’est plus qu’un comparse, rejeté à seize minutes, dont les trois quarts perdus dans l’étape de Gap, liquidé par les gars de l’équipe de France. « Je ne voyais pas comment Charly pouvait me reprendre un quart d’heure », considère toujours Geminiani, qui conserve le souvenir précis de ce moment où le Luxembourgeois s’engagea dans son échappée de haute voltige, à 110 kilomètres d’Aix-les-Bains. « Je revois très bien comment il est parti avec son petit braquet, mais je n’avais aucune raison de m’alarmer et je me suis dit : Charly, il part pour faire son numéro ! » « Gem » ne croyait pas si bien dire. Gaul dans la Chartreuse, c’est l’un des grands récitals de l’histoire du Tour. Ce jour-là, le Luxembourgeois roule dans l’allégresse, imperturbable sous l’averse froide, dans ce décor verdoyant où la forêt dégouline. Lorsque la course aborde le massif de la Chartreuse, les conditions deviennent épouvantables. Mais Gaul semble habité. On dit qu’il montre à Louison Bobet l’endroit précis où il va démarrer dans le col du Luitel, deuxième des cinq ascensions du jour. Une fois de plus, Bahamontes est avec lui. Mais il pleut à verse. Alors personne ne peut rien contre Gaul…
Le passager de la pluie Une minute d’avance sur Bahamontes au sommet du Luitel, où Ferlenghi et Annaert sont encore échappés ; Gaul seul en tête au col de Porte ; cinq minutes d’avance sur Adriaenssens au Cucheron ; 6’30’’ au Granier ; 7’50’’ à l’arrivée à Aixles- Bains, où la peinture blanche de la ligne d’arrivée se dilue sous la flotte. Mais la foule est restée stoïque pour accueillir le passager de la pluie, qui desserre les cale-pieds dans un grand sourire. Les dégâts sont considérables. Geminiani est à quatorze minutes ; Bobet à dix-neuf et Anquetil à vingt-trois. « J’étais à moto et j’ai dû m’arrêter au Granier pour boire un grog. Le soir, j’ai mis une heure avant de commencer à pouvoir écrire mon papier », se souvient Michel Clare, qui décrivait ainsi l’atmosphère dans sa chronique de L’Équipe. « Je ne me rappelle qu’un rideau de pluie. Un déluge sans arche. Je pensais à tous, les illustres et les inconnus, matelots emportés par les flots et qui tentaient désespérément d’éviter le naufrage. Un homme échappait de la tempête, Charly Gaul, (…) qui ne se plaît qu’à l’envers sombre de la vie, aux trombes d’eau déversées du ciel, au froid qui paralyse les muscles des autres. Il était aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau. Enfin, son temps était venu. »

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